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D'astres en désastres
17 octobre 2013

We're damned after all, through fortune and flame we fall - #2

Deux semaines plus tard. Tant qu'à être de consult', je me suis arrangée pour être avec lui. Toute la journée cette fois.

J'arrive à 9h, il arrive en retard. On échange un « bonjour » et j'espère secrètement qu'il me reconnaisse. Il a l'air, en tout cas. Je note avec un certain regret qu'il ne me demande toujours pas mon prénom, ce chacal. Il ne le demandera pas une seule fois. Mon badge ne précise que mon nom, impossible qu'il sache comment je m'appelle. Peu importe. Il m'a reconnue.

Des jours que je réfléchis à ce que je vais faire, ce fameux jour de consult'. C'est ma dernière occasion de le voir, je change de stage la semaine prochaine et ne le reverrai pas entre-temps. Je me fais violence depuis des jours pour trouver le courage de l'inviter à sortir. Situation complexe : il faut que le contexte le permette, c'est-à-dire que l'on se retrouve à un moment seul à seul, à la fin de la journée ; il faut aussi que le courant passe comme la dernière fois, après tout peut-être me suis-je tout imaginé, peut-être qu'il n'y avait pas ce truc que je n'arrive pas à définir autrement qu'en évoquant ma rencontre avec Morgan ou le soir de l'éclipse lunaire avec Amaury, peut-être même me suis-je monté le bourrichon toute seule après une simple bonne entente mutuelle ; il faut enfin que j'ose prononcer la fatidique phrase « ça vous dirait d'aller prendre un verre ou un café ? » d'un air naturel et sans sourciller. C'est pas gagné.

Mon objectif à court terme est en tout cas clair : réussir à relancer une conversation personnelle comme nous avions eu la première fois.

Le défilé des patients reprend. Il explique, il vulgarise, il écoute. Il est très bien, comme médecin, vraiment. De temps en temps, il me lance un regard paniqué ou exaspéré, furtivement, et je me retiens de sourire. Tant de choses passent dans ce regard ! « Au secours j'en peux plus d'expliquer vingt fois la même chose il est con ou quoi ? » « Putain j'en ai marre de me faire engueuler pour les autres à cause de ces connasses de secrétaires qui ont pas pris le rendez-vous ! » « Okay lui on va pas y arriver... ». Une vraie discussion télépathique en un instant. Quand il y a un patient qu'il aime bien, cela se voit tout de suite. Son sourire n'est plus réflexe mais bien adressé au patient, il lui parle comme à un ami – bien qu'avec respect – et se met dans le rôle de l'équipier plutôt que celui du coach qui va t'expliquer comment gagner. J'en repère quelques-uns, des patients, qui l'adorent. Je l'adorerais aussi à leur place. Il apporte son soutien à chaque difficulté tout en ne cachant rien au patient, les risques et les effets secondaires, impartial et honnête, expliquant que s'il recommande de faire ceci ou cela c'est parce que ça vaut vraiment le coup, mais respectant toujours l'avis du patient même quand celui-ci est incroyablement obtus. « Moi je fais ce que vous voulez, je vous oblige à rien du tout ». Il se met dans le statut de l'aidant, laissant le patient choisir. C'est intelligent et finement joué : ça oblige le malade à prendre son rôle de première ligne, et en l'obligeant à prendre la décision par lui-même on s'assure d'une bonne observance et d'une absence d'emmerdes. Ce sera son choix, et il l'assumera. Le Dr D. n'est là que pour l'assister.

Les heures s'écoulent rapidement. Une pause-cigarette, il y a du monde dans la salle des internes. Dommage, j'aimerais bien être seule avec lui. Mais c'est encore le matin, aucune conversation intéressante n'a lieu en pleine matinée. Le matin est la partie ennuyeuse de la journée, il faut au moins attendre le début d'après-midi pour que les réflexions personnelles puissent être exprimées.

Il fume à côté de la fenêtre, avec sa mélancolie traînante et son joli sourire. Ah oui, je ne l'ai pas dit mais il a des dents parfaites, merveilleusement alignées en un sourire trop mignon, je le déteste. Il se ronge les ongles aussi, et je me permets un « Arrêtez de faire ça ! » sur un ton maternel qui me vaut un regard amusé et un sourire eh oh comment tu me parles toi, et il arrête de ronger ses ongles.

Le midi, au Relais H acheter des sandwiches. J'espérais manger ici avec lui mais je comprends vite qu'on va remonter aussi sec. D'ailleurs, pour descendre, on ne prend pas les ascenseurs conventionnels, on prend ceux « réservés aux malades ». Je lui dis sur un ton émerveillé qu'on va « emprunter les ascenseurs secrets ! » faisant référence au fait que je ne savais même pas où ils étaient, auquel il me répond « J'ai encore plein de choses à t'apprendre ! ». Voilà qui résonne dans ma tête avec beaucoup de sous-entendus...

Pendant qu'on fait la queue, il est plongé dans ses pensées. Je lance une réflexion de temps en temps, sur les horribles gamins qui hurlent à une table par exemple, à laquelle il répond mais sans chercher à enchaîner. Bon, il n'a pas trop envie de me parler.

Salle des internes. Avec notamment un interne qui dort dans le fameux lit, et celle qui était dans l'ascenseur avec nous. Pour le déjeuner à deux permettant de relancer les conversations personnelles, c'est mort. On engloutit nos sandwiches, et je défends la cause des externes quand il nous accuse de ne jamais être là au bloc : c'est qu'on nous montre ostensiblement qu'on gêne, on nous pose dans un coin en nous ordonnant de ne plus en bouger, alors après 4h debout sans rien y voir on n'a pas tellement envie d'y retourner le lendemain. Il entend mes arguments mais soutient qu'avec lui ce n'est pas comme ça, qu'il fait participer l'externe, lui pose des questions, le fait s'approcher. Après quelques minutes de débat, on tombe tous d'accord pour dire que le système est mal fait : les externes sont trop nombreux, alors personne n'a le temps de bien s'occuper de nous.

En parlant d'externe, il en mentionne une en disant « la belle » et l'aigreur de la jalousie me fait tiquer.

Retour au boulot.

Consultation, consultation, consultation. Les dossiers s'enchaînent. Parfois, quand on est dans la salle attenante à examiner le patient et que le téléphone sonne, je vais décrocher. Et si une réponse du Dr D. en personne est requise, il vient reprendre le combiné. Dans l'étroitesse de l'espace séparant son bureau du mur, il est obligé de presque se coller contre moi pour pouvoir prendre le téléphone. Je me tasse contre le mur le plus possible et m'extirpe poliment vers ma chaise, alors qu'intérieurement je voudrais rester là et laisser traîner mes yeux histoire d'augmenter encore un peu ma température corporelle.

La journée s'achève, il me propose de m'en aller. J'argue que je dois rejoindre des amis pour sous-coller à 18h30, d'ici là je n'ai rien à faire, alors autant rester ici. Un petit tour dans son bureau puis le tour du service pour voir ses patients. Je crains qu'il ne reste pas discuter avec moi après, alors j'affiche une certaine nonchalance pour bien montrer que je n'ai rien de particulier à faire hormis traîner dans le service.

17h. Il n'y a plus rien à faire. Je prends mon sac rapidement et le suis dans son bureau. Debout, craignant de ne vraiment le déranger, je tente de relancer la conversation que nous avions eue ici même la dernière fois. Sur le fait qu'il n'aime pas sa vie, qu'il soit déçu de son boulot, des patients. Mon Déchu.

Et ça marche. Comme s'il ne s'était pas écoulé deux semaines depuis cet échange, nous poursuivons dans la même veine. Il a cette façon d'être triste qui le rend craquant ; il a la beauté tragique du désespoir, comme Requiem for a Dream et comme Sainte Veronika. Et ce regard, froidement lucide et comme regrettant de l'être, ce regard qui dit « J'aurais aimé être un imbécile heureux mais la réalité me brûle les rétines à chaque seconde », ce regard que plus rien n'allume parce que tout est foutu derrière, cassé, cramé. Ce regard que je devais avoir après Pierre, dans cette interminable phase de vide où plus rien n'avait d'importance puisque la seule chose qui comptait, je l'avais perdue.

Il me demande ce que je voudrais faire plus tard. J'hésite, sentant le rouge me monter aux joues oreilles, et lui parle timidement des flying doctors. Je bafouille au début, puis mon enthousiasme prend le pas sur mes relents de phobie sociale et je m'emporte dans mes vertigineuses ambitions. Bien sûr il faut être médecin général, urgentiste plus précisément, et il faut aussi gérer la traumato et la réanimation puisque les accidents sont légions dans ces régions reculées, et s'y connaître en gynéco-obstétrique au cas où il faudrait accoucher une femme enceinte, et naturellement l'infectio est primordiale dans ce contexte de terre sauvage. Et même en maîtrisant toutes ces disciplines, il faut encore être parfaitement bilingue, faire convertir son diplôme – point positif : la médecine française jouit d'une belle reconnaissance à l'étranger – et postuler pour le Royal Flying Doctor Service au milieu de centaines d'autres demandeurs. Mais, après tout... Je veux dire, il faut rêver grand non ?

Il semble très impressionné par l'idée, très emballé en tout cas. Admiratif même, à ma surprise, d'un projet professionnel aussi peu courant et ambitieux sur le plan humain. Je suis sûre que c'est le genre de médecine qu'il aurait voulu faire, la médecine MacGyver où notre intervention infléchit la trajectoire du patient, où nous ne sommes pas que des marchands de soins sur commande dans un monde où les patients se prennent pour des clients. Le médecin baroudeur qui vient porter secours en urgence au fermier du fin fond du bush qui s'est fait bouffer la jambe par un crocodile.

« Ouais ça me branche bien ton truc là ! » Ses yeux ont un éclat inattendu, et son attention est fixée sur moi avec un intérêt que je n'aurais pas osé espérer. Il me regarde. Je ne suis plus qu'un poisson-pilote dont il vérifie distraitement la présence de temps en temps d'un coup d’œil rapide, je ne suis plus une externe parmi tant d'autres. Je suis moi.

J'apprends qu'il a fait un semestre à Tahiti et qu'il a adoré, là-bas tout est différent, les gens n'ont pas le même regard sur la médecine. Il ne prenne pas ça comme un produit de consommation. Ils ont ce respect vieux-jeu du médecin en tant que citoyen notable de la ville, en tant que chef dans son domaine.

Je lui parle de la Guadeloupe, et il me suggère d'aller faire mon internat dans les Antilles puisque je suis intéressée par ce genre d'exercice. Je me ferais les dents là-bas niveau infectiologie et médecine sauvage ! Je n'y avais pas pensé, et je réalise que c'est une excellente idée ! Énorme avantage : les postes pour les îles sont très peu demandés, en étant moyennement classée je pourrais choisir entre plusieurs spécialités !

Le goût de l'Ailleurs nous rapproche, je pourrais parler des heures de mes envies de grand voyage et il me rejoint là-dessus.

« Pourquoi vous partez pas, si vous aimez pas être ici et que ce sera pas mieux à Bayonne ? »

Parce qu'il a sa vie ici.

« -C'est qui le bébé en fond d'écran sur votre portable ? »

Il tique. Ses yeux braqués sur moi, méfiants. Comme si tout ce qu'il allait dire pouvait être retenu contre lui.

-C'est ma fille.

-Elle s'appelle comment ?

Toujours ce regard inquisiteur, mais un sourire se dessine sur ses lèvres. Un chat qui fait le gros dos tout en me laissant m'approcher parce qu'il n'est pas encore sûr que je lui veuille du mal.

-Iris.

-Ah bah c'est bien un truc de médecin ça !

Devant son air interrogateur, je lui rappelle que c'est un terme d'ophtalmo. Il n'y avait jamais pensé.

-Elle a quel âge ?

-Sept mois.

-Ah oui, elle est toute petite ! Elle vit pas avec vous ?

-Non, elle vit...

-Chez sa mère », je finis sa phrase avec lui. Soit il ne voulait pas d'enfant et on lui en a fait un sans lui demander son avis, soit le couple a explosé à la naissance de la petite. Dommage, dans un cas comme dans l'autre.

-Du coup, avec vos gardes et tout, vous devez pas la voir souvent ?

-Non.

La culpabilité lui affaisse encore un peu plus les épaules. Il a honte de ne pas s'occuper d'elle. Il aimerait, sauf que ce n'est pas compatible avec son boulot. Quelque chose a foiré, là aussi. Ce n'est certainement pas comme ça qu'il avait imaginé sa vie avec des enfants.

-C'est pour ça que vous restez ici ?

-Ouais. Sans ça, je serais retourné à Tahiti, ça c'est clair ! Mais bon...

Les regrets. Ils pèsent si lourd sur sa conscience. Il en est transpercé, une vraie passoire.

Je ne sais plus comment nous en venons à parler de son salaire. 2300€, hors gardes, donc à peu près 2800€ avec. Pour un niveau bac +13 et une garde tous les quatre jours, c'est peu cher payé. A Bayonne, en ayant validé son clinicat, il touchera 3500€. C'est beaucoup, certes, comparé à la moyenne des gens, mais finalement, pour toutes ces années d'études, toutes ces heures, tous ces sacrifices... Il y a perdu beaucoup. Il pourrait aller en clinique, bien sûr, il serait payé plus du double, mais ce n'est pas l'idée qu'il se fait du métier. Comme moi. Bosser en clinique, c'est choisir le côté mercantile, soigner les riches. D'un point de vue éthique, ça me fait vomir. « C'est ma faute aussi, je fais que me plaindre mais je suis assez con pour rester dans le public. ». Il est beau quand il dit ça.

Je me suis assise depuis un moment déjà, face à lui. Ma blouse enlevée, avec mes vêtements de ville, je me sens plus sûre de moi. Je me prends au jeu. Peut-être que... ?

C'est la fin de la journée, on est tous les deux, et j'ai réussi à orienter la conversation vers des sujets personnels. Il y a cette connexion entre nous, quelque chose qui passe dans les silences et les regards plus que les mots. On se comprend, même sans se parler beaucoup. Enfin, je le comprends. Et avec cette histoire de flying doctors, j'ai l'impression de lui avoir fait réaliser qu'il me comprenait aussi. Qu'on pense pareil. Cette peur de rater des choses, et l'envie farouche de s'enfuir de notre propre vie. En courant.

« Après je suis un peu dépressif, tu le sais. Mais ça fait du bien de parler avec toi, je me sens un peu mieux maintenant. Tu devrais vraiment faire psy ! » Il me lance ça avec un sourire chaleureux, et je sens mon petit cœur ronronner de plaisir. Voilà bien une quarantaine de minutes que nous sommes dans son bureau, à parler de la vie l'univers et le reste. Et tu me dis que ça te fait du bien de parler avec moi ? Tu veux que je te saute dessus ou quoi ?

Je lui dis qu'en plus la séance est gratuite avec moi, on en plaisante. Je l'apaise. Tout comme Morgan m'apaise. Mes yeux verts automne lui font l'effet des yeux noirs mélancoliques de Morgan. Ce calme, quand on discute, de ravagés qui parlent de l'époque où ils avaient la foi. Quand on était encore fiers et forts, prêts à affronter la vie avec l'envie d'en découdre. Avant les échecs et les humiliations, les désappointements, les crises de nerf et la rage, et le vide. Avant, on y croyait. On était assez innocent pour penser qu'en faisant de notre mieux, tout irait bien.

Il faut que j'essaie.

Il reçoit un message, y répond, me parle d'une patiente qu'il va opérer demain. Il se tourne vers le pc pour regarder son scanner, je me lève et le rejoins derrière son bureau pour voir l'écran. Je ne sais plus ce qu'il y a à voir, tout ce que je vois, c'est le Déchu assis sur sa chaise de bureau à trente centimètres de moi. J'en oublie le contexte.

Il se tourne vers moi et me dit quelque chose, ça parle de néphrectomie et colectomie et du fait qu'il est content d'avoir cette opération prévue demain, ça c'est marrant. J'entends à peine ce qu'il dit, ou plus exactement ça ne se fixe pas dans ma mémoire, ça passe instantanément et plus rien ne s'accroche dans ma tête : j'ai envie de me pencher vers lui et de l'embrasser. De m'asseoir à califourchon sur ses genoux et passer mes mains sous son polo et sentir sa peau. Son parfum aussi. Qu'est-ce qu'on sent, au creux de son cou ? Parfum, gel douche, après-rasage ? Est-ce qu'il en aurait envie ? Est-ce qu'il a pensé à moi comme moi j'ai pensé à lui depuis deux semaines ? Est-ce qu'il se rappellera de moi, de cet instant suspendu ? Il ne sait même pas comment je m'appelle, il ne m'a jamais demandé mon prénom.

Il n'a plus rien à me dire. Il est temps de partir. Je m'éloigne, récupère mon sac. Lui dit que ça a été cool d'être en consult' avec lui, et je ne sais pas comment enchaîner. Il propose d'aller fumer une dernière cigarette avant de rentrer.

La salle des internes. Vide. Vide ! Nous revoilà donc là où tout a commencé : il s'appuie contre le mur à côté de la fenêtre et fume sa clope, soufflant la fumée dehors. Je le regarde en silence. Je ressens la même chose que la première fois. Il a l'air si désabusé, roué de coups par la vie alors qu'il s'y était lancé avec tant d'enthousiasme ! Qu'est-ce qu'on lui a fait ? Tout est en l'air maintenant.

C'est le moment.

« Ça vous dirait qu'on aille prendre un café ou un verre, un de ces soirs ? »

C'est ce que j'allais dire. J'étais prête. J'étais en train de prendre une dernière grande inspiration en contemplant le vide avant de sauter.  Je le jure. Mais au lieu de ça...

« Putain ils me font chier ces patients aujourd'hui ! »

Une interne d'anesth' est rentrée en jurant. Fin du moment, dans un grand éclat de verre brisé.

Voilà comment ont été gâchées les dernières minutes passées avec le Déchu. Il est sorti de sa torpeur, décidant qu'il était temps d'y aller. On s'est tous dirigés vers la porte, puis l'ascenseur. Je suis montée après l'interne, pensant qu'en en sortant, je n'aurais qu'à prendre la même direction que le Déchu et je me retrouverai seule avec lui pour encore quelques secondes. Sauf qu'il n'est pas rentré dans l'ascenseur, il nous a fait un signe de la main et les portes se sont refermées.

Tu parles d'un adieu.

 

 

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  • J'écris pour ne jamais oublier. L'embrasement de mes désirs comme la striction de mon cœur. Les trémulations vigoureuses de la vie et les coulées de silence de la mort. Tout, de plein fouet, avec la sensibilité qui est mienne et mon interprétation biaisée.
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